Ça y est, nous sommes arrivés au Myanmar. Eh oui, on ne dit plus Birmanie mais Myanmar depuis que le pays a été rebaptisé par la junte militaire en 1989, tout comme la première ville du pays renommée Yangoon au lieu de Rangoun. Notons ici que la capitale n’est ni Yangoon, ni Mandalay (seconde ville du pays), mais Naypyidaw, désignée arbitrairement capitale par le régime en 2005, une ville surfaite où vivent quelques milliers de proches du régime, sans grand intérêt.

Nous débarquons dans un pays en pleine mutation politique, économique et sociale. La victoire récente et sans contestation aux élections législatives de l’opposante au régime Aung San Suu Kyi, marque sans nul doute un tournant décisif dans l’histoire très difficile de ce pays. Un élan de liberté et de démocratie souffle sur le peuple birman, même s’il faudra sans doute des années pour que tout se concrétise dans les faits, car les héritiers de l’ancien régime restent une force politique cruciale dans le pays grâce aux 25% de députés militaires, mais aussi parce que le chef de l’armée a le pouvoir de nommer certains ministres clés comme celui de l’Intérieur et de la Défense… et n’oublions pas non plus l’intérêt des pays frontaliers (Chine et Thaïlande en première ligne) et d’autres (Total…) qui convoitent les nombreuses richesses dont dispose le pays (pétrole, gaz, bois de Teck, jade…).

Retour donc sur notre première journée, et sur nos premières impressions à chaud au cœur de Mandalay et de son million d’habitants. L’ancienne capitale du royaume indépendant de Birmanie est le centre culturel et religieux du bouddhisme, avec de nombreux monastères et près de 700 pagodes.

De vrais et francs sourires

A peine avions-nous posé les pieds sur le sol Birman, que déjà se dégageait une atmosphère calme, sereine et extrêmement positive, facilitée par les larges sourires posés sur les visages cuivrés du personnel de l’aéroport, lançant des « Mingala ba » pour nous souhaiter la bienvenue. Non, décidément, sans pour le moment pouvoir dire pourquoi, nous n’avions jamais ressenti cela en débarquant quelque part.

Quelques instants plus tard, après avoir trouvé un taxi pour nous conduire jusqu’à Mandalay, c’est très excité que nous découvrons les premiers paysages que nous avions survolés en avion, un mélange de steppe et de savane : montagnes, étendues infinies aux teintes vertes et brunes clairsemées de Stupas, forêts, lacs et bien entendu, le fleuve Irrawaddy se frayant un chemin au milieu ce décor.

Une conduite Rock’n’Roll !

Après 2 km parcourus, nous tombons nez-à-nez avec un gros troupeau de vaches en train de paître au milieu de la route, pas affolées le moins du monde. Pas plus d’ailleurs que notre chauffeur au flegme déconcertant. La voiture est envahie de moustiques, mais cela ne l’importune guère, les chassant nonchalamment de la main quand ils viennent dans son champ de vision, alors que nous nous débattons tout ce que nous pouvons pour chasser les insectes indésirables. De toute façon, quand on conduit à droite avec son volant à droite, il n’y a plus grand-chose qui peut vous atteindre… en tant qu’ancienne colonie britannique, on conduisait naturellement à gauche… du moins jusqu’en 1970, date à laquelle le dictateur Ne Win imposa la conduite à droite sur les conseils d’un… astrologue, sans tenir compte du fait que la plupart des voitures importées d’occasion du Japon, de la Thaïlande et de Singapour avait un volant à droite ! Du coup, quasiment tous les véhicules sont conduits à l’aide d’un passager sur le siège de gauche, chargé d’informer le conducteur sur la possibilité de dépasser ou non. Gloups…

Mandalay, une ville pleine de vie

45 minutes plus tard, nous arrivons à Mandalay où nous découvrons une ville livrée dans son jus, pas vraiment jolie, mais pleine de vie et dont il se dégage une énergie folle. Comme un peu partout en Asie, tout est ouvert, commerces et habitations, pas de réelle intimité donc, et on vit plus dehors que dedans, ce qui facilite bien entendu la communication et les contacts.
Il ne fait pas trop chaud en cette fin décembre. Bien que nous soyons en milieu de journée, la température est tout à fait supportable et la ballade très agréable. Nous nous laissons doucement porter par l’agitation des différentes rues, les yeux et les oreilles grands ouverts, avec l’étrange impression de débarquer au milieu des années 50. La plupart des véhicules que nous croisons sont hors d’âge et l’ensemble forme un univers très pittoresque. L’ambiance est douce et la ville ne nous semble pas étouffante, les bâtiments n’étant pas trop hauts.

 

 

Comme partout en Asie, des taxis collectifs surchargés, avec pas moins de 25 ou 30 personnes à bord déambulent un peu partout au milieu des mobylettes, des charrettes à mains et des vélos-taxis.

Bientôt, nous arrivons bientôt au cœur d’un marché, plein de vie et très coloré. On y vend de tout : des ustensiles de cuisine, des fruits et légumes, des épices, de la viande, du « tanakah » – une pâte jaunâtre issue de l’écorce de l’arbre du même nom dont les birmans s’enduisent le visage pour se protéger du soleil et aux propriétés antiseptiques. Impossible de passer inaperçu ici. D’une part il y a très peu d’occidentaux, et d’autre part, nous nous baladons avec notre petite tête blonde qui attire toutes les attentions : des bisous, des photos, des sourires immenses ; Lulu est très sollicitée. A chaque stand on lui offre des fruits ou quelque chose à manger, tant et si bien qu’en l’espace d’une demi-heure notre sac-à-dos est plein, pour notre plus grand bonheur !

Un peu partout on mâche du « Kun Ja », un mélange de noix, de tabac et de chaux enrobé dans une feuille de bétel. Un savant mélange énergisant qui vous laisse les dents orange et colore les chaussées, car on crache la mixture.

En fin de journée, avant la tombée de la nuit, les hommes se réunissent en cercle pour jouer au « Chinlon », une balle en rotin que l’on ne peut toucher qu’avec certaines parties du corps, le but étant de la laisser en l’air le plus longtemps possible.

Bref, ça vie, ça bouge, ça joue, ça rigole, ça sourit, ça parle, ça crie… ON ADORE !

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