Vendredi 25 décembre. Départ ce matin avec un guide pour explorer le site de Bagan. Premier temple et premiers frissons. Après avoir gravi quelques marches, nous sommes suffisamment haut pour profiter d’une vue à 360 degrés. Ce sont des milliers de pagodes qui se révèlent à nous, disséminées sur une vaste plaine de terre rouge. Bien que la végétation soit très luxuriante pendant l’hiver, on sent que le climat ici est très aride, en témoignent les nombreux cactus. En été, le paysage est, paraît-il, désertique.
Temple ou stupas ?
Les temples (édifices dans lesquels on peut rentrer et où on trouve des représentations de Buddah, des peintures et gravures) et les stupas (édifices contenant une relique et dont on peut faire simplement le tour) ont pour la plupart été construits entre le 11ème et le 13ème siècle. Nous en apprenons plus sur les méthodes de construction : les briques étaient autrefois collées les unes aux autres, à partir d’un mélange réalisé avec la sève de différents arbres. Ce mélange n’a jamais pu être reproduit depuis et les rénovations se font donc avec du ciment. De même, les peintures et gravures ne peuvent pas être restaurées. Les statues ont quant à elles toutes été pillées.
Visite d’un village
Nous faisons une halte dans un village. L’occasion de découvrir une nouvelle fois des populations qui vivent en totale autonomie avec ce que la nature leur offre. Nous nous étions déjà fait la réflexion à Bali ou en Thaïlande : ces peuples semblent heureux et ne manquer de rien. Au cours de la visite, nous avons pu découvrir comment le Tanakah est fabriqué à partir de l’arbre éponyme. Ils frottent l’écorce sur une pierre avec de l’eau pour former une pâte qu’ils appliquent ensuite sur le visage. Nous repartons tout peinturlurés.
Un peu plus loin, nous rencontrons la doyenne du village, une petite bonne femme tirant sur un énorme cigare dont la fumée laisse deviner un visage tout ridée et un regard étincelant, chargé de sagesse. Elle est affairée à tisser. Je me laisse tenter par une bouffée de son barreau de chaise, un mélange de morceaux de bois de palmier concassés, de feuilles de tabac, de tamarin et de sucre de palme. Après tout elle porte fièrement ses 91 ans… ça ne devrait pas me faire trop de mal ! La fumée est légèrement sucrée et assez douce en bouche.
Visite privée de pagodes
Grâce à notre guide, nous avons eu le privilège de pouvoir accéder à certains temples non ouverts au public. A l’intérieur, nous avons pu admirer des peintures originales sur les murs représentant les 550 vies de Buddah. Impressionnant et relativement bien conservées pour leur âge avancé, plus de 900 ans !
Visite d’un atelier d’objets et meubles en laque
La laque est une résine naturellement noire qui vient d’un arbre, tout comme le caoutchouc. Sans être un adepte de ces objets, j’ai été réellement stupéfait par la minutie du travail. Certaines pièces nécessitent des années de travail.
Un Ti coucher de soleil du haut d’une pagode Si ou plait !
Bon, première résolution au retour du tour du monde : je règle mes problèmes de vertige. Là j’avoue que j’ai les jambes qui flageolent et la très désagréable sensation d’être happé par le vide. Bref, nous sommes en haut, tous les 4, et le panorama est somptueux. Comme quelques milliers de personnes, nous sommes partis pour attendre le déclin de l’astre lumineux pendant 1h30. Bah le moins qu’on puisse dire c’est que là-haut, on se tient chaud. Nous ne savourons que moyennement ce moment tant nous sommes compressés.
A nouveau le hasard de la vie : Lucie s’exclame : « Papa, maman, c’est la famille de Tokyo !!! ». En effet à côté de nous, nous retrouvons une famille française expatriée à Singapour que nous avions croisée 2 mois plus tôt à Tokyo ! Complètement improbable !
Samedi 26 décembre. Debout tout le monde, nous avons rendez-vous avec le soleil ! Réveil à 4h45 pour assister à l’envol des montgolfières. Ensuite direction la pagode Lobodié où se tient une procession de 500 moines à l’occasion de la nouvelle lune.
Nous arrivons sur le site vers 6h. Après avoir gravi un escalier très raide, nous accédons au dernier niveau de la pagode d’où nous bénéficions d’un point de vue de premier choix. Dans le lointain, des dizaines de temples et de stupas émergent progressivement de la brume matinale. Nous scrutons l’horizon en quête des montgolfières… Soudain, les premiers ballons apparaissent et s’élèvent les uns après les autres dans les airs. Silence et contemplation béate en haut de l’édifice. De puissantes flammes rouges illuminent les aéronefs, leur permettant de s’élever progressivement. Bientôt ce sont plusieurs dizaines de montgolfières qui survolent la cité de Bagan.
6h40 : ça y est, les premières lueurs du jour apparaissent et Mr Soleil (pour reprendre une expression de mon papa) sort doucement de sa torpeur, caressant de ses rayons les cimes des pagodes et appliquant un filtre rouge-orangé sur les ballons. Le temps s’est à nouveau arrêté et il flotte dans l’air un souffle féerique.
Nous redescendons prudemment de notre promontoire pour faire quelques photos avec Pierre, Paul (la famille Forte) et Stephen notre guide avant de traverser la route pour rejoindre la fête qui bat son plein.
Les donations aux moines venus des 4 coins du pays ont débuté à 7 heures et la ferveur populaire est réellement stupéfiante. Les filles sont toutes heureuses de pouvoir glisser quelques effets dans les sacs des sages.
Alors que nous repartions, nous croisons une femme et sa famille avec laquelle nous avions échangé à Mandalay et qui nous avait très gentiment proposé une solution pour nous rendre à Bagan en voiture à moindre frais, ne sachant pas que nous avions déjà réservé le bateau. Un petit miracle en soit tant la foule est dense.
Dimanche 27 décembre. Aujourd’hui nous avons choisi d’explorer le site avec des « ebikes », comprenez des scooters électriques. Très silencieux et très stables, les engins roulent à 50 km/h et permettent d’emprunter tous types de chemin. Idéal donc pour se balader librement. Nous sommes accompagnés de Pierre, Cécile, Paul et Alice, la super famille rencontrée quelques jours plus tôt et avec laquelle le courant passe vraiment très bien.
Nous nous sommes régalés. Les ebikes se louent 10 000 kyatts la journée, soit environ 7 €. Les enfants ont adoré cette expérience à 2 roues, tandis que les adultes avaient environ 15 ans d’âge mental !
Nous avons profité de cette dernière journée pour prendre notre temps et jouer à Indiana Jones dans les pagodes qui regorgent de passages cachés et pièces dérobées.
Pour terminer sur une note plus pragmatique, on ressent toutefois les premiers stigmates ici d’un tourisme de masse. La gentillesse et les sourires birmans sont toujours là, mais l’ensemble est beaucoup moins spontané et authentique qu’à Mandalay par exemple. Attention si vous préparez un séjour ici, les prix sont très très élevés et la tendance très inflationniste. Bref, ne tardez pas trop…
Demain nous partons pour Kalaw, plus au sud, d’où nous prendrons le départ d’un trek de 3 jours pour rejoindre le Lac Inle, accompagnés des « petits voyageurs », une autre famille française partie sillonner le monde avec leurs 2 enfants de 2 et 5 ans pour 18 mois.