Ce matin levé 5h. Je sens qu’il va falloir motiver les troupes. Notre bateau pour Bagan, le Malhika, lève l’ancre dans 2 heures. Je décide donc de sauter sur les lits et de faire le singe (spéciale dédicace à Lio) pour réveiller ma tribu. Mon cirque fait son effet et à 6h tout le monde est fin prêt. Aujourd’hui c’est le 24 décembre. La température à cette heure matinale est fraîche. Lucie est toute contente de faire de la fumée avec sa bouche. Eh oui, à Noël il fait froid normalement… Une petite consolation pour ce jour difficile, passé loin de ceux que l’on aime.
D’autres consolations viendront sans doute égayer notre journée, notamment les paysages que nous allons découvrir en remontant le fleuve Irrawaddy jusqu’à Bagan.
Une fois installés sur le bateau, nous retrouvons Rob et son ami thaïlandais, un australien avec lequel nous avions sympathisé quelques jours plus tôt dans l’avion. Il faut dire que le parcours dans ce pays est assez balisé et que, inévitablement, vous êtes amenés à croiser les mêmes personnes durant votre séjour.
Il est 7h, nous quittons l’embarcadère pour 10h de croisière ! Une embarcation très luxueuse est stationnée devant nous : le bateau est immense, tout en bois exotique et orné de multiples dorures. Sur le pont, deux statues d’éléphants blancs trônent majestueusement de part et d’autre alors que la proue est composée de deux oiseaux dorés prêts à fendre les flots.
Commence alors une balade hors du temps. Nous assistons à un magnifique lever de soleil. Les brumes matinales enveloppent les rives et laissent apparaître des habitations de paysans, des huttes faites de bambou et de paille. Les buffles sont déjà attelés à des charriots de bois. Le spectacle qui s’offre à nous nous plonge dans une époque que nous pensions révolue. L’émotion m’envahie. Que ce pays est beau. Une beauté pure. Un véritable joyau, brut et authentique !
La rive gauche du fleuve est composée de grandes étendues de sable blanc et de dunes que longent des bateaux de pêcheurs.
La rive de droite, sur laquelle s’étendent de vastes plaines verdoyantes, présentent de nombreuses cultures et plantations ainsi que quelques modestes habitations de bambou et de tôles. Pêcheurs à gauche et agriculteurs à droite… La vie semble s’écouler paisiblement ici et l’envie de débarquer pour s’imprégner du mode de vie de ces populations est très forte… Sans doute lors d’un prochain voyage ? Car ce pays mérite vraiment qu’on y consacre du temps. J’espère surtout que le développement du tourisme et de l’économie ne dénatureront pas l’harmonie naturelle qui existe entre les populations et le fleuve.
Il est 10h. Le soleil a enfin pris de la hauteur et illumine le pont supérieur du bateau sur lequel nous avons élu domicile. Les filles jouent aux cartes sur le sol réchauffé par ces premiers rayons matinaux… On est bien. Très bien. Vous savez, quand il fait légèrement frais et que le soleil vient se poser sur votre visage telle une douce caresse. Vous fermez les yeux et retenez votre respiration. Petit à petit, vous tombez dans un état de relaxation complet… Une sensation de bien-être s’empare de votre corps, jusque dans ses moindres terminaisons. Un réconfort bien mérité après avoir eu vraiment très froid.
14h, parce que Noël sans surprise n’est plus tout à fait Noël, j’en ai réservé une de taille à ma petite famille : je me suis trompé d’un jour dans les dates de réservation. Nous étions censés arriver le 25 ! Ah ah la bonne blague… Au moment où j’écris ces lignes, j’attends le dénouement, le téléphone de l’hôtel étant en dérangement ! Y a du challenge dans l’air 😉 Heureusement, nous avons sympathisé avec une famille française qui nous propose très chaleureusement de nous joindre à eux ce soir pour le réveillon. Tout n’est pas perdu !!!
Fin de journée magique
Nous arrivons à Bagan vers 18h après avoir assisté à un coucher de soleil somptueux sur le fleuve, point d’orgue d’une fabuleuse journée.
Le débarquement se fait de façon folklorique. Une planche en bois de 30 cm de large est positionnée entre le bateau et le « quai ». 4 hommes s’affairent de part et d’autre pour improviser une rambarde en surélevant deux longues tiges de bois. Simple mais efficace !
Je profite de l’agitation de la descente pour négocier un taxi depuis le pont, évitant ainsi la horde une fois que nous aurons posé le pied sur le sol. Direction ensuite notre hôtel. Le suspense est de courte durée : ils sont archi complets pour cette nuit… Nous voilà donc en quête d’un hôtel pour la nuit. Nous décidons alors de rejoindre la famille française installée à New Bagan. Et là tout s’enchaîne miraculeusement bien… C’est le réveillon oui ou non ?
Tout d’abord ils ont deux chambres de libres et l’endroit est très chaleureux, kitsch à souhait avec des décorations de noël de toutes parts, mais l’intention est tellement sincère qu’une fois de plus c’est très touchant. Nous avons ensuite prévu de dîner dans un petit resto birman non loin de l’hôtel. Mais nous changeons nos plans à la dernière minute : le restaurant de l’hôtel est quasiment vide et le personnel de l’hôtel s’est tellement mis en 4 pour offrir une fête de noël magnifique aux occidentaux, que nous décidons de rester ici pour passer la soirée : le père Noël arrive bientôt sur un poney (ndr : Tom, j’ai bien cru que tu avais répondu présent à l’appel) en criant « Merry Christmas » et en donnant un petit cadeau à chaque personne. Les enfants apprennent ensuite à manier les marionnettes birmanes. Enfin, une troupe de chanteurs et musiciens vient entonner des chants de noël, avec dans les yeux et l’expression la sincère volonté de nous donner du plaisir.
Merci à tous ces gens que nous gardons dans nos cœurs. Un énorme merci aussi à la famille Forte qui nous a non seulement invité à partager sa table, mais qui nous a également offert le repas. Une soirée mémorable.
Joyeux Noël à toutes et à tous !