En indonésien, il y a deux façons de dire au « au revoir » : « Selamat jalan », quand on reste, et « Selamat tinggal », quand on part. Bien que nous quittions Bali aujourd’hui, je préfère l’usage de « Jalan », car si nous sommes physiquement bien partis, une partie de mon cœur est resté ici.
Nous avons effectué un périple d’un mois (31 jours exactement, ce qui nous a valu une pénalité de 300 000 roupies chacun – env. 21 € – l’exemption de visa pour les ressortissants français étant valable 30 jours), au cours duquel nous avons parcouru le nord, le centre, l’est et le sud de l’île. Retour donc sur cette 3ème étape de notre tour du monde en famille qui n’a, je crois, laissé personne insensible.
Repos et mise en jambes à Sanur
Située au Sud-est, Sanur est une cité balnéaire qui a connu sa période faste il y a quelques années, depuis supplantée par Kuta ou Nusa Dua. Cependant, et ce n’est que notre avis, la ville ne manque pas d’âme pour autant, beaucoup de balinais fuyant l’agitation de la capitale Denpasar le week-end, pour venir profiter de l’océan ici. Le front de mer qui s’étend sur près de 8 km se décompose en deux parties : une plage de sable noire au sud, surtout fréquentée par les balinais avec quelques vagues permettant aux plus jeunes de surfer, et une plage artificielle de sable blanc au nord, bordée par d’immenses Resorts, fort heureusement déserts en ce début de saison des pluies. Notons ici, que nous n’avons quasiment pas été arrosés durant tout notre séjour.
Ces quelques jours furent l’occasion de nous ressourcer et de préparer la suite de notre voyage. Nous avons mis de côté quelques temps nos traditionnelles « guesthouses » pour nous offrir le confort du Tropical Bali Hôtel, un établissement un peu en retrait, tenu par deux français adorables, Matthieu et Audrey, qui nous ont prodigués pleins de très bons conseils. Saluons aussi la gentillesse de toute leur équipe, pleine d’humour et toujours disponible.
Depuis Sanur, nous avons facilement pu faire différentes excursions dans la région, à commencer par le Bali Bird Park, dont vous pouvez consulter la galerie photos ici. Si l’entrée se paye au prix fort (environ 23 € par personne), nous recommandons néanmoins cette visite assez instructive, au cours de laquelle vous pourrez découvrir l’affection dont sont capables les perroquets et autres volatiles exotiques, tous plus beaux les uns que les autres.
Ce fut également l’occasion de visiter les rizières de Tegallalang et le temple de Gulung Kawi. La visite des rizières fut un moment mémorable. Si le paysage est très joli, nous retiendrons surtout de notre passage ici la complicité que nous avons eue avec les enfants qui vendaient des cartes postales. Nous avons passé l’après-midi à jouer avec eux dans ce décor en escaliers, sautant d’un étage à l’autre, tombant dans les rizières boueuses, dans de grands éclats de rire.
La visite du temple de Gulung Kawi en compagnie de notre adorable guide, Komang, fut l’occasion pour nous d’en apprendre davantage sur les subtilités de la religion hindouiste et sur sa pratique ici.
Enfin, nous avons profité de deux couchers de soleil magnifiques. Le premier, mythique, avec sa horde de touristes, à Tanah Lot. Le second, plus beau à mon sens, à Uluwatu, où nous avons tout d’abord visité le temple (visite malheureusement gâchée par quelques macaques trop agressifs), avant de finir dans une crique abritée par deux immenses rochers pour observer les surfeurs pros sur l’un des plus beaux spots du monde. Un très bon moment, au cours duquel le temps s’est arrêté, suspendus que nous étions aux prouesses de ces funambules des océans, qui affrontent avec témérité les puissantes vagues venues du large.
Plongée et Snorkeling à Amed
Après nous être imprégnés quelques jours de l’esprit de l’île et succombé au charme et à la gentillesse de ses habitants – à l’instar de cette famille de Denpasar qui a partagé avec nous son déjeuner sur la plage en toute simplicité, un geste plein de spontanéité et de générosité qui nous a vraiment touché – nous avons décidé de louer une voiture pour explorer l’île en toute liberté, avec l’espoir de se perdre ici et là et de provoquer de belles rencontres.
Après quelques heures de route, histoire de me familiariser avec les usages de la conduite balinaise sur les routes sinueuses de montagne, nous avons établi notre camp de base dans la ville d’Amed, au nord-est. La région, dominée par le plus haut volcan de Bali, le Mont Agun, est surtout réputée pour ses spots de plongée et de snorkeling.
Nous nous sommes donc offert un baptême de plongée en famille pour découvrir les fonds marins. Pour être tout à fait honnête, je crois que nous avons pris plus de plaisir équipés de nos masques, tubas et palmes, même si Laetitia a eu le privilège de plonger sur l’épave du Liberty II, un cargo japonais échoué pendant la seconde guerre mondiale. Pour ma part, une crise de panique m’a empêchée de profiter de ce spectacle. Les filles, quant à elles, ont été quelque peu tétanisées une fois en mer.
Amed constitue également un bon point de départ pour visiter les deux « Water palace » de Tirtagganga et d’Ujung, plus au sud, deux édifices bâtis sur l’eau. Nous avons particulièrement été charmés par le premier, plus petit, mais plus raffiné et surtout par la ballade dans les rizières et plantations qui a précédé la visite, accompagnés de notre guide Nyoman. Nous recommandons fortement cette excursion très instructive sur la faune et la flore locale. La végétation y est dense et la nature généreuse en ressources : riz, avocats, manioc, fruits de la passion, cacao, mangues, papayes, ananas, snake fruit, durian, jackfruit… Nyoman nous a appris à identifier ces différentes variétés, dont nous nous sommes régalés chemin faisant.
Rizières et rencontres à Sidemen
La région est magnifique et le riz, à différents stades de maturité, offre un camaïeu de verts de toute beauté. Mais notre passage dans cette région, située au centre-est, a surtout été marqué par la rencontre avec Wayan et sa famille, relaté dans un précédent article. Difficile aujourd’hui de ne pas ressentir une grosse boule au fond de la gorge en écrivant ces quelques lignes.
Culture, et retour en ville à Ubud
C’est donc le cœur gros que nous avons quitté Sidemen, laissant derrière nous ces gens formidables avec lesquels nous avons tant partagé pendant deux jours, direction Ubud, avec cette fois-ci l’intention de rencontrer du monde. Car, depuis notre arrivée sur l’île, nous étions relativement isolés. Nous nous retrouvions systématiquement seuls dans tous les lieux que nous fréquentions. Bref, initialement non prévu au programme, nous nous sommes laissés apprivoisés pendant quelques jours par cette coquette ville, très riche en culture. Ce fut notamment l’occasion d’assister à un kecap (prononcer ‘Ketchak’) remarquable (nettement mieux que notre première expérience à Tanah Lot) et de visiter le musée de peinture Puri Lukisan, présentant un bel aperçu de l’art balinais.
Lacs et humidité à Munduk
Bon la ville, c’est bien, mais il était temps de reprendre notre chemin, direction les montagnes du nord. La route qui mène au paisible village de montagne de Munduk est magnifique et parsemée de lacs. C’est aussi l’occasion de découvrir les superbes rizières de Jatiluwih et le temple de Batukaru. Nous ne verrons malheureusement pas ce dernier après nous être totalement trompés d’itinéraire. Nous avons également dû écourter notre séjour en altitude après que j’ai attrapé quelques bactéries suite à l’ingestion d’un thé sans doute un peu douteux… … bref une nuit agitée, à frissonner, dans des draps humides. Nous garderons malgré tout un excellent souvenir de cette région, qui mérite sans aucun doute que l’on s’y attarde davantage.
Surf, mangrove, nage avec les raies mantas et snorkeling à Lembongan
Un programme chargé, plutôt en mode vacances pour finir notre périple, sur l’île de Nusa Lembongan, située à seulement 30 minutes au large de Bali. Je ne vais pas m’étendre sur cette dernière étape car il tenait à cœur à Laetitia de rédiger un article, sur ce qui a été son coup de cœur !
Hasard à Kuta
Pour notre dernière nuit à Bali, nous avions choisi de séjourner à Kuta en raison de sa proximité immédiate avec l’aéroport. Bon, même si l’après-midi fut plutôt agréable à regarder les surfeurs sur la plage, nous n’apprécions que peu cette ville, temple de la surconsommation et de la fête. Par contre, je ne sais pas si vous croyez au hasard, mais il y a des situations dans la vie qui vous interpellent et qui feraient douter les plus sceptiques. C’est ainsi que nous avons sympathisé avec Laetitia et Johann, deux français, qui voyagent ensemble. Jusque-là rien de bien étonnant.
Mais l’histoire ne dit pas tout. Nous les avions préalablement rencontré à Ubud lors du Kecap. Je les avais ensuite recroisés un matin, car leur hôtel était juste en face du notre. Puis 10 jours se sont écoulés… et hier soir, alors que nous errions dans Kuta, sans but précis, soudain, qui se trouve derrière nous ? Et bien nos deux amis français, tout aussi surpris que nous de cette rencontre impromptue, pour le plus grand bonheur de tous ! Nous avons donc dîner ensemble avant de nous séparer pour chacun poursuivre notre route. Merci au hasard et à eux deux pour cette belle soirée !
Bali | Petites remarques en pagaille
Bali, c’est aussi un ensemble de petites choses de la vie de tous les jours, parfois déroutantes, parfois amusantes, parfois surprenantes mais qui contribuent à en faire un lieu bien spécifique.
A Bali, on joue aux échecs…
C’est assez surprenant de se balader le long de la mer et de voir des hommes réunis autour d’une partie d’échecs, chacun y allant de son commentaire ou de ses conseils stratégiques…
Sur la route, un bon karma tu auras…
On ne peut pas non plus évoquer Bali sans parler de sa circulation et de la conduite pour le moins audacieuse des balinais. A priori, peu d’accidents sont à signaler… dans les rangs des autochtones du moins. Ici, comme dans d’autres pays d’Asie, la conduite s’organise autour des engins à deux roues qui dominent assez nettement les débats. Au volant de votre voiture, vous vous sentez du coup un peu comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. Devant, derrière, à gauche, à droite : les motos surgissent de toutes parts.
De l’importance des prénoms
Je me suis longuement demandé pourquoi, les hommes balinais ne pouvaient pas s’empêcher à chaque présentation en groupe, de me préciser avec fierté la place de leur prénom dans la société, ce qui donne : « Wayan, first in Bali », « Made, second in Bali », « Nyoman, third in Bali », etc. etc. En fait, la tradition veut que le premier enfant de la famille porte le nom de « Wayan », le second « Made », le troisième « Nyoman », le quatrième « Ketut »… quel que soit le sexe. A ces prénoms viennent ensuite s’ajouter d’autres noms reflétant la vie de la personne et permettant ainsi de distinguer les homonymes.
A Bali, on prie…
On prie même beaucoup. Petite particularité qui reflète l’importance de la religion : celle-ci est inscrite sur votre carte d’identité et l’athéisme est quelque chose de difficilement concevable.
Si l’Islam est la première religion en Indonésie (90% des 240 millions d’habitants), Bali fait figure d’exception ; les balinais pratiquent en grande majorité l’hindouisme (avec son système de castes), teinté d’éléments animistes (culte des ancêtres), bouddhiques et chamaniques. Ainsi les fidèles croient que les divinités visitent le monde des hommes lors de cérémonies comme l’Odalan durant lesquelles musique traditionnelle (gamelan) et danse sont omniprésentes.
D’autres religions minoritaires sont également présentes sur l’île et semblent cohabiter en parfaite harmonie. En discutant ici et là, on ressent néanmoins quelques tensions latentes avec les populations de Java ou de Lombok, majoritairement de confession musulmane. Traumatisme des attentats qui ont frappé l’île en 2002 ou bien reflet des difficultés économiques ? Sans doute un peu des deux. Il faut dire que les Balinais n’ont pas envie de voir leur richesse touristique, c’est-à-dire nous, les abandonner pour de nouvelles contrées. On préfère garder son trésor bien gardé. Alors, un petit coup par-ci, un petit coup par-là pour égratigner les voisins, ça ne fait pas de mal…
Voilà, désolé de vous livrer tout ça d’un coup, mais les connexions étaient bien trop mauvaises pour nous permettre de publier quoi que ce soit ces dernières semaines…
Nous sommes actuellement en route pour Koh Lanta avec nos amis venus spécialement de France passer une douzaine de jours avec nous. Nous avons quitté Bali le cœur serré, mais nous sommes tellement heureux de les retrouver. Leur présence nous fait le plus grand bien. Merci déjà à eux d’avoir entrepris ce voyage !
Bonjour à tous ,je vous souhaite une belle année 2016 pleine de jolies rencontres et aventures autour du monde. Je suis toujours ravie de lire vos récits. Ici à Louis Guibert il est difficile de vous suivre en classe car la mairie a bloqué l’accès à de nombreux sites internet …j’espère qu’on pourra quand même communiquer d’une manière ou d’une autre avec l’école . ..Bonne continuation, je vous embrasse.
Bonjour Laurence,
Une très très bonne année à vous ainsi qu’à toute l’Ecole Louis Guibert !
Difficile pour nous de communiquer depuis plusieurs semaines. Nous avons été sevrés de connexion Internet entre Bali et le Myanmar. Ça s’arrange doucement au pays des Kangourous. On pense à vous. Pleins de bisous