Ce jeudi 9 mars, 4h30 du matin, le répondeur du Shuttle nous informe que toutes les expéditions sont validées. Il fait frais dehors et la nuit est encore là. Emmitouflés dans nos différentes couches de vêtements – gants, bonnets, chaussures de randonnées et sacs à dos, nous sommes fin prêts pour nos 19,4 kms de marche.
6h45. Le Shuttle arrive déjà rempli de touristes de différentes nationalités. Un constat s’impose : nos filles seront aujourd’hui les seuls enfants de ce périple.
7h05. Nous sommes devant le panneau de départ du trek. Pas encore bien réveillés, mais pour ma part, hyper excitée ! Le Tongariro Alping Crossing figure parmi les 10 plus belles randonnées de la planète, rien que ça ! Au programme, la montée vers le cratère du volcan et ses lacs d’acides bleu et émeraude. La dernière éruption notable de la bête remonte à 1954. Le pépère est toujours en activité aujourd’hui.
Nous nous lançons sans tarder dans la brume matinale et déjà le spectacle est saisissant : de nombreuses touffes d’herbes sèches qui ressemblent à de la steppe, quelques rares fleurs, des cailloux, on marche en ligne droite. Le trek est plutôt bien balisé, passé un certain point, on ne peut plus faire demi-tour. Comme la route va être longue, on se met à chanter, à rigoler autour d’extraits de films. Et puis on s’arrête pour faire des photos.
On se fait doubler et on fait plusieurs pauses car le temps change, on passe du chaud au froid, on boit beaucoup, on met de la crème solaire, on mange des barres de céréales, des fruits enfin tout comme de vrais randonneurs parce qu’il faut les tenir tous ces kilomètres !
Nous voici au point de non-retour, on va entamer la première grosse montée, allez c’est parti !
Des escaliers, ça monte, mon rythme cardiaque augmente, je suis essoufflée, ça brûle les cuisses. Greg, tel un randonneur aguerrit et les filles de vraies gazelles sont déjà au premier step.
Ouah Woo !!! On découvre le niveau des nuages et le soleil levant ; on se trouve avec des gens qui nous avaient doublé auparavant. Tous béats, retirant une première couche de vêtements.
Allez courage, un pied, deux pieds. On grimpe encore et encore, on s’arrête, on reprend notre souffle ; le soleil est là, il fait chaud, on boit, on retrousse les manches et on monte des marches et des marches et nous voilà au premier spot le « Soda Springs » une grande étendue de rien, on se croirait sur la lune, c’est mystique. Nous bénéficions d’une vue remarquable sur la vallée et sur le volcan Ngauruahoe aux pentes rouges, brunes et blanches. On se sent seul, sur une autre planète non habitée et hostile.
Le sol est ocre, quelques pierres volcaniques par-ci par-là, la marche est plate et agréable, on ne peut que contempler avec les yeux écarquillés en se disant mon dieu ça promet d’être beau. On arrive au cratère sud. Tout le monde tient le coup, ça vaut vraiment nos efforts fournis, là je suis heureuse.
Les lignes droites sont finies, une petite pause s’impose avant la dernière grosse ascension. On mange une barre vitaminée, les filles râles : « on n’a pas faim, pis c’est pas bon » ! Allez, on se motive le plus beau reste à venir. On entame la partie difficile car on marche sur de gros cailloux, il y a beaucoup de marches et un vent fort freine notre route. Le chemin est balisé par un câble en acier qui nous permet de nous tenir et de grimper à cadence ralentie. On arrive au cratère rouge, comme cela semble surréaliste et pourtant c’est bien devant nos yeux. 500 mètres plus loin, tous nos efforts sont enfin récompensés, nous voici au plus haut point avec la vue sur les lacs d’émeraude et au loin le lac bleu. Après quelques photos, on entreprend une descente dans le sable noir, ça glisse, pas facile de descendre mais on arrive à se placer face aux lacs pour une meilleure vue et un bon déjeuner en perspective.
Il est 12h30. Maintenant il faut penser à redescendre, le chemin est encore long. On décide de contourner les lacs d’émeraude, ils sont d’un vert parfait. Le soleil est au plus haut, le ciel est d’un bleu azur, la couleur de l’acide ressort d’autant plus. Le sol est parsemé de souffre, il y a de si de là des fumerolles, tels des dragons crachant leurs feux. Au loin, on peut aussi admirer la chaîne de montagnes. Quel spectacle !
On poursuit sur du plat ce qui nous permet de reprendre en douceur et on se dirige vers le lac bleu. A ce niveau-là, on peut dire que l’on est au centre du cratère.
14h30. Nous entamons la grosse descente environ 10 kms, du plat puis un chemin bien balisé dans la montagne. De dos, la vue est imprenable, on a envie de rester et de ne plus quitter cet endroit tellement il est beau. Lors de la descente, on fera dès micro pauses question de graver à tout jamais dans nos mémoires cet instant magique. Allez c’est parti pour 10 kms.
L’arrière du volcan change complètement, on se retrouve en montagne avec quelques fleurs, c’est le « Ketetahi Hut ». Il y a à nouveau des fumerolles. L’air est doux mais les pieds commencent à chauffer, la fatigue commence à se faire sentir. On termine notre trek par 45 minutes de forêt puis on arrive sur le parking, le Shuttle est là, il est 16h00.
La forêt nous a paru interminable. A ce moment-là, j’ai mal aux mollets, aux pieds et aux épaules (ces douleurs me suivront toute la nuit) mais je suis emplie de bonheur parce que le trek on l’a fait, les filles ont tenu, je suis fière d’elles ! Infatigable ces enfants, le soir, elles jouaient encore dans le trampoline du camping.
- Garez votre véhicule à l’arrivée sur le parking de Ketetahi et rejoignez le départ à Mangatepopo au petit matin (un service de bus assure la jointure pour 30$ par personne).
- Prévoyez des vêtements chauds et imperméables en suffisance, le temps étant très variable. Vous allez passer une bonne partie de la journée à enlever ou à rajouter des couches. Votre pire ennemi sera le vent qui peut être glacial et souffler en rafales.
- Prenez de la crème solaire.
- Attention : aucun point d’eau potable sur l’ensemble du parcours.
- Si vous pouvez prendre des bâtons de marche, ils vous seront bien utiles dans mes descente et dans la montée principale.
- La randonnée est accessible aux enfants à partir de 7 ans habitués à marcher (le plus éprouvant pour eux étant la longue descente). Certains passages délicats requièrent de la vigilance. Déconseillée en cas de temps capricieux car ils risquent réellement de souffrir du froid.
- Enfin, PROFITEZ… prenez votre temps, ce n’est pas une course. Nous avons vu beaucoup de personnes effectuer la randonnée en 5h-6h… Quel dommage de ne pas profiter plus longuement de ce spectacle. Ceci n’engage que nous…
Laëtitia
Bravo à vous. On l’a faite il y a deux jours et on a tout simplement adoré aussi. Par contre on a fait demi tour au lac d’émeraude pour récupérer notre voiture laissé au parking du départ mais on étaient seuls sur le retour. Vraiment une magnifique randonnée!
Bravo aux filles surtout qui n’ont pas rechigné un seul instant !
On continue de vous suivre malgré que l’on soit rentré. Profitez bien !
Mille merci;
Scotché par les photos, mais, sur quelle planete êtes vous?
Merci Laetitia pour ce partage.
Cdlt. Papylours